L'imposition des mains (suite 2)
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L'imposition des mains (suite 2)
CHAPITRE XI
CRISES MESMERIENNES ET SOMNAMBULISME
Les effets inattendus de l’action magnétique. Savoir souffrir. Le sommeil lucide. Révélation relatives aux maladies. Les prédictions. L’extase prophétique.
CRISES MESMERIENNES ET SOMNAMBULISME
Les effets inattendus de l’action magnétique. Savoir souffrir. Le sommeil lucide. Révélation relatives aux maladies. Les prédictions. L’extase prophétique.
La médecine ordinaire applique parfois des remèdes qui aggravent momentanément l’état du malade ; ils le secouent et le conduisent à la santé en lui faisant traverser une phase qui serait alarmante si elle n’était pas prévue.
L’apport soudain d’un surcroît de vitalité peut agir d’une manière analogue et déchaîner dans l’organisme une lutte douloureuse. La souffrance est alors un bien ; il faut l’accepter de bonne grâce pour l’abréger et la réduire au minimum.
Révoltes et impatientes ne peuvent que contrarier la révolution salutaire qui a besoin de s’accomplir.
Mais le calme est difficile à conserver en présence d’une aggravation apparente de la maladie. Rien cependant n’est à craindre lorsque c’est réellement le magnétisme qui a provoqué la recrudescence. L’intensité des crises se proportionne toujours alors aux forces qui ont été assimilées : on ne risque jamais de ne pas être en état de supporter un bouleversement organique visant à rétablir l’ordre troublé. Dans sa sollicitude maternelle la nature évite les imprudences. Si nous savions discerner ses intentions nous éviterions de compliquer sa tâche, et parmi nos troubles fonctionnels nous distinguerions entre amis et ennemis de l’équilibre normal. Nous considérons parfois comme une maladie ce qui n’est qu’un effort tenté par l’organisme en vue du rétablissement de la santé. Une médecine aveugle peut alors intervenir d’une manière funeste.
Mais comment parvenir à pénétrer le secret des opérations de la nature ? Pouvons-nous être devins pour déterminer avec certitude les causes finales de nos maladies ?
Je ne voudrais pas ici me constituer l’avocat de la divination ; mais il y aurait ingratitude de ma part à ne pas rendre témoignage en faveur de tout ce que j’ai pu apprendre à l’école des sujets lucides.
J’en ai rencontré qui remontaient à l’origine des maladies, dont ils décrivaient les phases successives avec une surprenante logique. A les entendre, le mal absolu n’existerait pas : tout état pénible aurait sa raison d’être et ne surviendrait qu’à notre bénéfice. C’est l’optimisme érigé en théorie médicale : la nature serait essentiellement bienfaisante et la souffrance ne proviendrait que des erreurs de l’homme.
Les malades qui m’ont fourni de semblables révélations étaient surtout lucides pour eux mêmes. Ils décrivaient l’intérieur de leur corps comme s’ils faisaient leur propre autopsie. Leurs prescriptions à l’égard des soins à prendre et du régime à suivre se sont toujours montrées fort judicieuses.
Quant aux remèdes, ils se rapportaient invariablement à des plantes. Souvent le sujet, qui ignorait complètement la botanique, commençait par décrire le lieu de provenance du végétal salutaire, qu’il dépeignait ensuite ; puis il en cherchait le nom, ce qui était la grosse difficulté.
Parfois un nom latin en arrivait à être épelé péniblement lettre par lettre, et j’avais la surprise de le trouver dans un dictionnaire comme désignation de la plante décrite, dont les propriétés médicinales concordaient avec le cas à traiter.
Cette clairvoyance, si remarquable tant qu’il s’agissait du sujet lui-même, perdait de son infaillibilité dès que la consultation s’appliquait à une autre personne. Néanmoins, c’est au traitement des maladies que la lucidité somnambulique est appliquée avec le plus de succès.
Les autres spécialités des voyantes professionnelles exposent à de fréquents mécomptes. Il est de ces sibylles qui excellent dans les recherches et peuvent faire retrouver des objets perdus. Leur écueil se rencontre d’ordinaire dans les trésors cachés que l’imagination leur montre. Gardez-vous d’entreprendre des fouilles sur leurs indications, qui ne sont suggérés que par vos propres désirs secrets.
Les sujets sensibles subissent, en effet, la répercussion des idées que l’on apporte avec soi. Cela explique certaines prédictions dont les éléments sont puisés dans l’ambiance mentale du consultant. Ce ne sont pas alors les idées que l’on a soi-même présentes à l’esprit et qui impressionnent le plus vivement le sujet, ce sont, au contraire, les souvenirs qui ont quelque motif pour se rappeler à nous. Le devin perçoit de préférences nos idées les plus vagues, celles qui se manifestent par des intuitions ou des pressentiments. C’est sur de semblables données que s’échafaudent les prescriptions.
Toutes ne sont pas sans valeur. Lorsque l’on fait abstraction des rêveries forgées de toutes pièces par la fantaisie des somnambules, on reste en présence de deux genres de prédictions. Les unes se basent sur des pronostics tirés des intentions du consultant, ou de projets que d’autres personnes peuvent former à son sujet. Ce sont les plus fréquentes ; elles ne se réalisent le plus souvent qu’en partie. D’autres prédictions sont d’un ordre tout différent. Elles ne s’obtiennent pas à volonté, à la suite de questions que l’on pose à un sujet endormi. Ici tout est spontané ; le voyant a brusquement une vision que rien ne semble provoquer. Il parle de choses qu’on ne songe pas à lui demander, et décrit parfois dans ses moindres détails une scène qui se produira rigoureusement ainsi à fort longue échéance.
Ces crises de prophéties sont des plus rares ; mais n’en posent pas moins un problème formidable. Il semble qu’une intelligence, dont toute l’énergie est concentrée sur un seul point, puisse agir comme une sorte de télescope psychique. Tout se tient : le futur est contenu dans le passé, dont il n’est que l’épanouissement logique. La durée, d’autre part, n’est qu’un phénomène subjectif : la succession que nous constatons n’est que le fait de nos organes, car du point de vue de l’absolu, tout ne peut être que simultané.
Le caractère transcendant des visions dont il s’agit ici nous éloigne fort des pythonisses qui dévoilent l’avenir moyennant une honnête rétribution. L’une de ces devineresses avait annoncé qu’elle serait veuve avant la fin de l’année. interrogée plus tard relativement à cette prédiction qui ne s’était pas réalisée, la sibylle ne fut pas décontenancée. « Il n’est pas mort, c’est vrai ! Mais on m’a rapporté deux fois mon mari dans un tel état (ivre-mort) qu’il n’en valait pas mieux ! »
C’était mathématique : une double demi-mort équivaut à une mort entière. L’oracle était justifié.
CHAPITRE XII
UN CAS D’HYDROPHOBIE
La rage et l’hypnotisme. Une expérience de laboratoire. Au pied du mur. Une dame mordue. Symptômes rabiques. Verdict de la Faculté. Traitement mesmérien. Crises. Guérison radicale
A une époque où Charcot et Pasteur étaient les héros du jour, le Dr Pinel entreprit des recherches sur l’hypnotisme appliqué au traitement de la rage.
Après avoir constaté que le virus rabique agit en tant que poison cérébral, il proposa d’hypnotiser les personnes mordues.
Le petit fils du célèbre aliéniste de la Salpétrière alla plus loin. Il supposa une expérience, dont il fit le récit dramatique devant l’auditoire habituel de ses conférences de vulgarisation.
Un sujet étant endormi selon les procédés classiques, sur lesquels s’étend avec complaisance le conférencier, on lui suggère qu’il est mordu par un chien enragé. Les symptômes du terrible mal apparaissent alors successivement. Dès que l’écume bave des lèvres convulsées, on en recueille avec soin, pour inoculer un lapin. Puis, l’effet des premières suggestions étant détruit par d’autres dirigées en sens contraire, le sujet est progressivement ramené à son état normal, si bien que, réveillé il n’a aucun souvenir de ce qui s’est passé et ne ressent pas le moindre malaise. Il n’en est pas de même du lapin : la pauvre bête devient enragée pour tout de bon et meurt, à la stupéfaction des auditeurs.
Le Dr Pinel avait débité ce petit apologue scientifique sur un ton malicieux qui n’aurait dû tromper personne. Il aimait ainsi à agrémenter la sécheresse de ses exposés. Or, il se trouva là un reporter à l’affût d’un article à sensation. Ce fut une bonne aubaine pour le plumitif, qui colporta dans la presse ce qu’il venait d’entendre. le public prit le tout au sérieux, et bientôt le trop spirituel savant fut appelé à traiter par l’hypnotisme un cas de rage bien caractérisé.
Il s’agissait d’une dame, alors âgée de 39 ans, qui fut mordue, le 8 janvier 1887, par un chien reconnu enragé. La morsure avait été immédiatement cautérisée à l’ammoniaque. Cette précaution semblait mettre à l’abri de tout danger. On ne songea donc point à s’alarmer d’une série d’étourdissements et de lueurs qui traversaient les yeux ; même lorsqu’une constriction persistante vint saisir cette dame à la gorge, elle ne voulut y voir que l’effet d’un refroidissement.
Mais voici que l’eau devint l’objet d’une horreur inexplicable. Le sommeil fut troublé par des cauchemars atroces. Des chiens apparaissaient, monstrueux et menaçants. Puis, ces accès hallucinatoires survinrent même pendant la veille. Le désarroi cérébral se traduisit en outre par des alternances d’exaltation, puis de paralysie subite de la mémoire. Des choses oubliées depuis longtemps se présentaient à l’esprit avec la plus grande netteté et, peu après, tout souvenir semblait à jamais effacé. D’autres fois, l’hyperesthésie affectait le sens de l’audition : des bruits légers et lointains étaient alors distinctement perçus.
Cette fois l’illusion n’était plus possible, du moins pour l’entourage de la malade, qui engagea vivement celle-ci à voir M Pasteur. Cependant on n’osait pas trop insister, crainte de frapper le moral de l’intéressée, qui persistait à ne pas se rendre compte de toute la gravité de son état. Les inoculations lui répugnaient, du reste, au suprême degré. La méthode faisait l’objet d’une ardente controverse, et la malade lui opposait des préventions invincibles.
Dans ces conditions, le traitement hypnotique du Dr Pinel apparut comme une véritable planche de salut. Il ne soulevait aucune objection, la malade étant de longue date familiarisée avec le magnétisme et pratiquant même la divination en qualité de sujet lucide.
Sans hésiter on écrivit donc au Dr Pinel. Mais celui-ci, peu satisfait du bruit intempestif fait autour de son récit imprudent, et redoutant quelque piège, m’envoya aux informations. Il soumit ensuite la malade à un examen minutieux.
Du point de vue de la médecine officielle, il n’y avait plus rien à faire. Les inoculations ne pouvaient plus être prescrites : on avait trop attendu.
D’ailleurs, en l’état d’esprit du sujet elles n’auraient présenté que des inconvénients. Mieux valait se rabattre sur l’hypnotisme. des suggestions rassurantes contribueraient à retardes un dénouement fatal. Et qui sait ?… Il fallait compter avec les surprises, avec une de ces réactions du système nerveux qui déroutent toute prévision. « Enfin, me dit en matière de conclusion le Dr Pinel, allez-y carrément ! Faites ce que vous pourrez, vous avez carte blanche : pour moi, la femme est f…lambée ! »
Libre ainsi d’intervenir selon mes moyens d’action, j’entreprit, à partir du 22 mars 1887, une série de magnétisations.
Je souligne le mot, car négligeant les procédés de l’hypnotisme et en particulier la suggestion, je ne m’appliquai pendant tout le traitement qu’à transmettre à la malade de ma propre force nerveuse.
Il est vrai qu’elle s’endormait dès le début de chaque séance. Mais je ne l’y incitait nullement, du moins par ma volonté : c’était chez le sujet une habitude prise.
Quant à sa lucidité, j’en eus immédiatement un échantillon. A peine endormie, la sibylle me parla du Dr Pinel :
« Mais il ne m’a nullement dit ce qu’il pense. Il a voulu me rassurer, en m’affirmant que je « ne suis pas atteinte de la vraie rage et que mon état est sans danger. En réalité, il me juge « perdue. S’il vous a chargé de me soigner, c’est en désespoir de cause. Du reste, il ne croit guère à l’efficacité de votre traitement, aussi sera-t-il joliment surpris, quand il apprendra que vous m’aurez guérie. Car vous allez me guérir, je le vois distinctement, et ce ne sera pas long ! »
Cette prédiction devait pleinement se réaliser. Les choses prirent de suite excellente tournure :la gorge devint plus libre et les troubles cérébraux s’atténuèrent.
Mais ces progrès durent être conquis de haute lutte. Le magnétisme provoquait des crises d’une extrême violence, qui éclataient parfois au cours même des séances. Frémissante, les yeux hagards, la malade claquait alors nerveusement des dents.
Elle éprouvait l’envie de mordre et, si la raison ne l’eut retenue, elle se fut jetée sur moi.
Ces attaques qui révolutionnaient tout l’organisme étaient annoncées d’avance. il en résultait des modifications salutaires, que le sujet indiquait ensuite dans son sommeil.
Une dernière secousse, plus véhémente que toutes les autres, se produisit entre la treizième et la quatorzième séance. Elle fut suivie d’une fièvre ardente, accompagnée d’une soif si intolérable que pour l’apaiser la malade rechercha tous les liquides qui étaient à sa portée. Elle put boire sans difficulté, et se vit dès ce moment débarrassée à jamais de la contraction nerveuse du gosier qui s’opposait au passage des boissons.
L’horreur de l’eau était surmontée ; aussi, le lendemain, le sujet se déclara guéri. Par précaution les séances furent poursuivies, à intervalles de plus en plus espacés, pendant près de deux ans.
Il n’y eut aucune rechute. La santé générale bénéficia du traitement magnétique, en sorte que cette dame ne s’est jamais aussi bien portée que depuis sa morsure.
CHAPITRE XIII
LES MIRACLES
L’exception et le règle. Une guérison soudaine. La suggestion médicale. Sensation provoquée par le magnétisme.
Le magnétisme est loin de conduire toujours à des résultats instantanés et brillants. On ne rencontre que par exception des malades d’une sensibilité hors ligne ; mais ce sont les cures extraordinaires qui frappent les imaginations, et l’on est enclin à les citer les premières.
Cela présente certains inconvénients ; car les malades s’attendent alors à la répétition des mêmes prodiges et se trouvent déçus lorsque les choses se bornent à suivre leur cours normal.
Or, il ne faut pas attribuer à l’agent magnétique un caractère miraculeux. La force nerveuse transmise d’un organisme à un autre ne donne lieu, le plus souvent, qu’à des effets insensibles, graduels et assez lents. Les guérisons soudaines sont rares. Il ne dépend pas de l’opérateur de les provoquer à son gré. Lui-même y a parfois moins de part que le sujet ; car tout dépend d’une heureuse rencontre de conditions favorisant l’action curative.
C’est ainsi que j’ai pu avoir la bonne fortune de tirer d’un fort mauvais pas un de nos peintres les plus appréciés pour l’exquise délicatesse de ses œuvres. Le maître souffrait d’une gastralgie qui remontait à plus de sept ans, voire même à la campagne de 1870. Tous les traitements avaient échoué : l’estomac en était arrivé à refuser toute nourriture. Le lait lui même n’était plus supporté qu’avec peine. La nuit, des crampes atroces l’obligeaient à mordre les draps pour ne plus hurler.
Le magnétisme fut alors recommandé par un ami qui en avait constaté les heureux effets. Mais le malade n’avait aucune confiance en cet agent mystérieux ; il lui fallut cependant se rendre à des instances devenues de plus en plus pressantes.
Engagé à ne pas se lisser mourir « selon la formule », l’artiste, qui me connaissait, consenti à faire l’essai de mon genre de traitement.
La première séance se passa surtout en conversations ; mais tout en causant je maintenais mes doigts en face de l’estomac malade. Le peintre s’était engagé dans une dissertation sur l’esthétique et remarquait à peine mon attitude.
Lui ayant demandé s’il ressentait quelque chose, il jugea ma question singulièrement présomptueuse. Comment pouvais-je avoir la prétention de produire quoi que ce soit à l’aide d’un semblable procédé ?
Le lendemain, l’entretien fut repris dans les mêmes conditions. Cette fois le peintre ressentit dans la région épigastrique une légère oppression qu’il avait déjà remarqué la veille, tout en l’attribuant à une cause fortuite.
En revenant le troisième jour, j’appris que la nuit avait été plus calme que de coutume. Etait-ce une coïncidence ? Pendant la séance, cette même gêne nerveuse apparut plus marquée. La nuit ensuite fut excellente.
Tout, désormais, alla fort bien : le sommeil ne fut plus troublé, les crampes disparurent et les fonctions suspendues reprirent. Le régime put être progressivement progressivement élargi, si bien que l’artiste guéri peut aujourd’hui faire honneur au magnétisme, même à l’occasion d’un festin de gala.
Cette cure, je le répète, n’est pas de celles qui s’obtiennent d’une manière courante. J’ai eu à sa suite à traiter de nombreux cas de gastralgies beaucoup moins graves, mais avec notablement moins de succès. Et cependant j’opérais dans des conditions éminemment favorables : les malades m’arrivaient émerveillés et pleins de fois dans ma puissance curative.
Peut-être aurais-je dû profiter de leur état d’esprit pour les suggestionner avec autorité, mais il me répugne de faire des promesses hasardeuses.
Je redoute les espérances exagérées, car au moindre prétexte elles risquent de tourner au découragement.
Les cures obtenues par persuasion ne me semblent offrir, d’ailleurs, que de piètres garanties. Sans doute, beaucoup de malades ont recouvré la santé, uniquement parce qu’on a su leur faire croire qu’ils allaient guérir. Mais le véritable thérapeute abandonne volontiers ces subterfuges de l’art médical à certains pontifes, dont le prestige tapageur fait tout le succès.
Si l’on aspire à devenir un agent de guérison réellement actif, le mieux sera de ne rien promettre d’avance. ce qui importe, c’est de gagner la confiance des malades, et le meilleur moyen d’y parvenir c’est de s’en montrer digne. En conséquence, une sage réserve s’impose, jusqu’au moment où se montrent des effets permettant de se prononcer en toute sécurité.
Quant aux sensations extraordinaires auxquelles les malades s’attendent parfois, elles se réduisent, en général, à quelques tressaillements insignifiants, où à de légers fourmillements dans les membres, surtout aux extrémités. Mais il arrive aussi que l’on n’éprouve absolument rien et que l’action magnétique n’en est pas moins très hautement efficace. Le plus souvent les malades accusent des sensations vagues, difficiles à définir. Ce qu’il y a pour eux de plus clair, c’est qu’ils sont alors sous l’impression d’une détente générale des nerfs et qu’ils se prélassent dans un calme plein de bien-être. S’il survient de la somnolence, elle porte à un sommeil normal, essentiellement tonique et réparateur. La lucidité somnambulique est, dans ces circonstances, un phénomène d’une extrême rareté.
Quelques effets curieux se rattachent cependant à la pratique ordinaire du magnétisme curatif. C’est ainsi que la main, appliquée par-dessus des couvertures ou des vêtements épais, dégage parfois une chaleur intense et pénétrante. Les malades se croient alors en contact avec la bouche d'un calorifère. D’autres fois, mais cela est moins fréquent, le sujet se déclare glacé, même par des passes à distance. Dans les deux cas, la main de l’opérateur reste à la température normale.
En dehors de ces singularités, l’imposition des mains et des passes magnétiques ne manifestent guère leur action que par un retour insensible à la santé. Le malade a plus de ton et supporte mieux ses douleurs, qui vont en s’atténuant à mesure que les forces reviennent.
CHAPITRE XIV
LA FOI
Un malade peu suggestionnable. Sceptiques et croyants. Les remèdes toxiques. Les maladies nerveuses. Le protoplasma. Les blessures. Le magnétisme peur arrêter l’écoulement du sang. Succès dans un accouchement. In extrémis.
Si le magnétisme n’agissait que par suggestion il resterait sans effet sur les enfants en bas âge et, à plus forte raison, sur les animaux. Or, ce sont précisément ces êtres passifs qui bénéficient le mieux de son action. Rien n’est plus démonstratif à ce sujet que le cas d’un lévrier égyptien qu’il me fut donné de magnétiser.
Le pauvre chien était près de succomber à la maladie du jeune âge. On se montrait fort inquiet. Les troubles bulbaires s’annonçaient menaçants : le cœur battait avec violence, alors que la respiration devenait de plus en plus haletante. Le vétérinaire ne répondait de rien et se contentait de déclarer que le pneumogastrique était pris !
Voyant le sloughi grelotter sous ses couvertures, je me mis à lui caresser la tête, puis à lui appliquer la main sur la nuque. Le chien donna bientôt des signes de satisfaction par un léger balancement de la tête, qui suivait le mouvement de mes doigts.
Le rythme respiratoire parut ensuite se régulariser ; enfin, après avoir eu les yeux clos, l’animal tourna vers moi un regard trouble, puis sembla se rendormir avec calme.
Au bout de quelques minutes, on eut la surprise de le voir faire des efforts pour se dresser sur ses pattes. Parvenu non sans peine à se mettre debout ,il avança de quelques pas en chancelant, puis il se secoua, comme pour reprendre entièrement ses sens. On eut alors l’idée de présenter à ce mourant du lait, qu’il lapa sans difficulté.
Le lendemain, une nouvelle séance acheva la guérison.
Ce chien s’est toujours montré reconnaissant du service que je lui ai rendu. Il aboie d’ordinaire avec fureur contre les visiteurs ; mais dès qu’il m’aperçoit ce sont des sauts de joie, qui sont d’autant plus touchants que les êtres raisonnables oublient volontiers ce que l’on fait pour eux.
On voit par cet exemple que le magnétisme n’exige nullement que l’on soit convaincu d’avance de son efficacité. Pour bénéficier de ses effets salutaires, il importe surtout d’être neutre.
En dépit des dispositions morales les plus favorables le succès, néanmoins, est loin d’être fatalement assuré. Des croyants enthousiastes peuvent rester malades, alors qu’on a vu des incrédules guéris pour ainsi dire malgré eux.
C’est que l’obstacle est souvent matériel. Sans parler des maladies qui sont incurables, aussi bien par le magnétisme que par tout autre moyen, on se heurte parfois à des empoisonnements du système nerveux, occasionnés par les produits pharmaceutiques dont les malades se sont saturés.
Lorsque l’organisme a subi ainsi les ravages des agents chimiques les plus variés, il faudrait de vrais miracles pour triompher de maux rendus inextricables.
Cependant, il ne faut jamais désespérer. La nature miséricordieuse remédie à la longue aux plus profonds désordres. Elle répare nos erreurs, en revivifiant une à une les cellules engourdies par les stupéfiants. Le magnétisme finit alors par intervenir utilement, mais sa tâche est ingrate ; aussi n’est-on pas en droit de se montrer par trop exigeant, surtout lorsque d’une manière prolongée on a servi de champ de bataille aux principes désorganisateurs les plus perfides.
Si les magnétiseurs pouvaient toujours être mis en présence d’un système nerveux indemne, leur intervention ne resterait que bien rarement rarement stérile.
C’est au début des maladies que l’on agit surtout avec efficacité. Chaque famille devrait donc compter dans son cercle une personne vigoureuse et bien-veillante, sachant parer au moyen du magnétisme à toutes les complications menaçantes. On épargnerait ainsi bien des souffrances, et la santé pourrait redevenir l’état normal de l’homme civilisé.
Il ne faudrait pas s’imaginer que le traitement magnétique ne s’applique qu’aux maladies purement nerveuses. Les névroses, sans doute, ne sont parfois guérissables que par le magnétisme ; mais l’influence magnétique s’exerce d’une façon générale sur toutes les parties vivantes de l’organisme, et non uniquement sur les nerfs. Car la vie réside essentiellement dans le protoplasme des différentes cellules, et c’est sur cette substance qu’on agit directement par le magnétisme. Cela explique comment on peut, par exemple, modifier certaines tumeurs qui ne sont pas sous la dépendance des nerfs.
Si les cellules nerveuses sont particulièrement impressionnables, c’est qu’elles sont presque exclusivement constituées par du protoplasma.
Cette impressionnabilité est surtout manifeste en ce qui concerne les centres vaso-moteurs. On agit sur eux avec la plus grande facilité pour provoquer tantôt un phénomène de vaso-dilatation, tantôt, au contraire, un effet de vaso-constriction.
C’est ainsi qu’il m’est arrivé à diverses reprises d’arrêter net une hémorragie, alors que des vaisseaux capillaires étaient seuls lésés. Je pourrais citer à ce sujet des faits rappelant les pratiques des Aïssaouah (Ils dansent en se tailladant la poitrine, le visage et les bras. A la fin de la séance, leur chef arrête le sang qui s’écoule ; il ferme à cet effet les lèvres de chaque plaie en murmurant des prières.) et les jongleurs orientaux qui, plongés dans un délire artificiel, se font des blessures horribles, dont ils sont ensuite instantanément guéris.
Il doit donc rester acquis que les maladies physiques, celles qui se manifestent par des troubles de la circulation ou par des engorgements, sont les moins récalcitrantes. Mais les plus beaux résultats s’obtiennent lorsqu’il s’agit d’aider la nature dans l’accomplissement d’un travail physiologique.
Dans un accouchement, qui s’annonçait fort mal, j’ai vu les douleurs, d’abord continues, devenir intermittentes dès qu’on eut recours au magnétisme. Tout ensuite se passa fort bien, au grand étonnement de la sage-femme fort inquiète au début.
Dans les cas qui ne peuvent laisser aucun espoir, le magnétisme n’en rend pas moins service. Des tuberculeux, parvenus au dernier stade de leur mal, se sentaient renaître à la vie chaque fois qu’ils recevaient mes soins. Mais ils ne s’assimilaient qu’une vitalité éphémère, suffisante cependant pour adoucir leurs derniers moments et les aider à se faire illusion sur leur état.
CHAPITREXV
OPERATION CHIRURGICALE EVITEE
La vie en danger. L’abandon par les savants. L’essai du magnétisme. Indices tirés des sensations du magnétiseur. Guérison achevée par un novice.
Il n’a été question jusqu’ici que des effets de l’action magnétique ; voici le moment d’en rechercher les causes productrices. Mais, afin de rester sur le terrain pratique, les prochains chapitres ne traiteront que des procédés à employer par le magnétiseur pour tirer le plus avantageusement parti des forces.
Tout d’abord, il convient d’examiner quelles sont les forces dont peut disposer la psychurgie. Elles se ramènent toutes à une seule : la Pensée, dont la Volontéet l’Imagination représentent le double aspect actif et passif. Le thérapeute doit donc apprendre à mettre en œuvre tout à la fois sa volonté et son imagination.
On ne s’est jamais dissimulé l’importance du rôle que joue la volonté dans la pratique du magnétisme. L’énergie d’un vouloir indomptable a toujours été montrée comme la source de toute puissance thaumaturgique.
Il semble même qu’il y ait eu exagération sous ce rapport, car on ne s’est pas toujours suffisamment rendu comte jusqu’ici de l’influence exercée par l’imagination de l’opérateur. Or, quand il s’agit de guérir, la volonté seule est impuissante, et c’est par l’imagination surtout qu’on agit sur l’organisme du malade.
Un magnétiseur peut avoir par suite des aptitudes très différentes, selon que domine chez lui la volonté ou l’imagination.
Dans le premier cas, ses dispositions le portent moins à guérir qu’à expérimenter. Les tempéraments volontaires accablent les natures faibles et prennent plaisir à faire montre de leur supériorité.
Leur brusquerie ne convient guère au traitement des maladies ; néanmoins ils peuvent réussir à secouer un malade, à réveiller ce qui dort en lui. Il ne faut pas leur demander une transfusion de vitalité douce, progressive et patiente. S’ils magnétisent pour guérir, ils procèdent par séances courtes mais répétées. Cependant, la persévérance n’est pas leur fort : ils foudroient par une sorte de décharge instantanée et formidable de la volonté ; mais s’il n’en résulte pas une cure subite, ils n’aiment pas revenir à la charge.
Il en est tout autrement lorsque l’opérateur fait agir son imagination. Celle-ci n’a rien de brusque dans ses effets ; elle baigne le malade d’effluves permanents qui lui constituent une ambiance salutaire. L’influence de l’imagination s’exerce ainsi peu à peu, mais avec ténacité et sûrement.
Pour rendre active l’imagination, point n’est besoin de concentrer la volonté ; il s’agit bien plutôt de se livrer à une sorte d’abandon qui porte le thérapeute à céder de sa vitalité. L’opérateur s’absorbe en une rêverie particulière et s’oublie, tandis que son âme s’extériorise et se reporte sur autrui.
Ces indications doivent suffire à faire comprendre que le grand agent magique résulte du mariage de la volonté mâle et de l’imagination féminine, principes antagonistes que représente les deux serpents du caducée hermétique
La volonté et l’imagination ne se rencontrent jamais dans les mêmes proportions, et avec des qualités identiques, chez plusieurs opérateurs. On ne saurait par suite établir une règle uniforme en ce qui concerne la manière de magnétiser. Chacun doit apprendre à ce connaître, afin de développer ses aptitudes individuelles et en tirer tout le parti possible. Il ne faut pas s’attendre à trouver deux magnétiseurs opérant de la même façon et obtenant les mêmes effets.
Mais un même opérateur devra encore savoir varier sa manière d’agir selon les malades et selon les maladies.
Lorsque les forces de l’économie ne réclament qu’une meilleure répartition, une forte dépense personnelle ne sera pas indispensable : pour rétablir l’harmonie il suffira d’être soi-même heureusement équilibré.
Il faudra au contraire, payer largement de sa personne, s’il devient nécessaire d’augmenter la tension vitale. On ne peut donner de la vie qu’à la condition d’en tirer de soi même.
Cependant, ce ne sont pas les colosses qui se montrent toujours sous ce rapport les plus généreux. Les natures exubérantes ne sont pas celles qui se révèlent être les plus riches. Des personnes frêles et délicates, mais bien en possession d’elles mêmes, pacifient parfois comme par enchantement les troubles des constitutions robustes.
Cela doit encourager chacun à se mettre à l’œuvre, car nul n’est désarmé pour le bien. La puissance magnétique n’est pas proportionnelle à la vigueur musculaire.
Sachez vouloir avec douceur, sans saccades ni soubresauts ; ayez une imagination vive, ardente, et laissez-vous entraîner hors de vous-même pour porter secours à autrui ; cultivez vos faculté volontaires et imaginatives : ainsi votre pouvoir occulte ira sans cesse en augmentant.
Le tout est d’apprendre à penser, afin de se servir de la pensée comme d’une force comparable à l’électricité.
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