Nous sommes en octobre 1929 et depuis février, la ville de Düsseldorf souffre d'un étrange mal. Huit prostitués ont été sauvagement assassinées dans les bas-fonds de la ville. Le cas ressemble à celui de Jack l'Eventreur mais ici les victimes avaient le crâne fracassé à coup de marteau avant de subir d'atroces mutilations. Les oreilles étaient tranchées, les lèvres coupées et le cuir chevelu scalpé. La police n'avait aucune piste et l'enquête traînait. Bien que la police ait évité de donner à la presse des détails sordides sur les mutilations, une rumeur grandissait parmi la population : Des prostituées sont assassinées par un homme qui s'abreuve de leur sang. La crise économique planétaire avait déjà touché les quartiers pauvres de la ville, la police se devait d'intervenir avant que des mouvements de panique et des émeutes ne se fassent sentir.
La première victime s'appelait Appolonia Kuhn et fut retrouvée baignant dans son sang, mais vivante, le 3 février 1929. Elle avait été agressée par un homme et frappée de 23 coups de ciseaux dans la poitrine et au visage, l'agresseur essayant d'atteindre ses tempes. Le 13 février, Rudolph Sheer, en revenant d'une soirée très arrosée, est retrouvé mort dans une rue, le corps criblé de 26 coups de ciseaux. Une de ses tempes était perforée, ce qui avait permis à son agresseur d'aspirer son sang. Mais l'état d'ébriété avancé de Rudolph, obligea le "vampire" a régurgité ce qu'il avait bu. Boire ou tuer, il faut choisir… Le 10 mars, c'est le corps d'une fillette qui est retrouvé dans un chantier. Elle a les jambes carbonisées, le crâne porte de nombreux coups de ciseaux, les oreilles coupées et elle a été éventrée. Ici aussi les tempes sont perforées. L'assassin a également bu du sang mais plus digeste semble-t-il.
Difficile pour la police de dresser un portrait du tueur en série car le seul point commun étant l'obsession des tempes mais les victimes sont de sexes et d'âges différents.
Les meurtres et les agressions vont continuer. Certaines femmes sont violées, d'autres laissées pour morte. On ne connaît pas exactement le nombre de personnes agressées car la plupart étant des prostitués, il était difficile pour elles de porter plainte. Durant quelques semaines, notre agresseur changea de tactique d'approche en raison de la méfiance qui régnait dans le secteur. Il avait trouvé une façon radicale d'aborder ses victimes : le lasso.
La panique commence à s'installer dans tous les quartiers de Düsseldorf. Le soir, toutes les rues se vident. Les journaux font leurs choux gras de l'affaire et on peut lire que "La Bête des abîmes a encore frappé"
En juillet, coup de théâtre ! La police annonce avoir arrêté le Vampire. Il s'appelle Johann Stausberg et a tout avoué lors de son interrogatoire. Il ne fut même pas jugé et placé dans un asile psychiatrique.
Mais en août, les meurtres reprennent. Le 21, le vampire agresse trois personnes en 2 heures. Le 24, deux petites filles qui jouent dans un terrain vague sont sauvagement poignardées. L'homme a changé d'arme. Le nombre d'agressions et la fréquence des meurtres va aller crescendo jusqu'en mai 1930.
C'est un élan de gentillesse, certainement le seul de sa vie, qui causera la perte du Vampire de Düsseldorf, Peter Kürten. A la gare, il repère Maria Budlick, une jeune paysanne, qui se fait importuner par un homme. Il s'interpose, l'homme se retire et propose à Maria d'aller prendre un verre chez lui pour qu'elle se remette de ses émotions. Une fois chez lui, il devient entreprenant envers la jeune fille qui le repousse. Il la serre à la gorge, puis, succombant peut être à la beauté de ses yeux, il la relâche en lui demandant de partir. Elle ne portera pas plainte, mais enverra une lettre à sa meilleure amie pour lui raconter ses deux mésaventures. C'est la curiosité d'une voisine, qui avait l'habitude d'ouvrir et de lire le courrier des habitants de l'immeuble qui permettra le rapprochement avec le Vampire… Peter Kürten est arrêté. Il a déjà fait de la prison car à 9 ans il a assassiné un camarade en le poussant de la barque dans laquelle ils se trouvaient pour aller à la pêche. Il avoua tous les meurtres, se délectant de détails macabres lors du procès. Il fut condamné à la guillotine et fut exécuté le 2 juillet 1931. Sur l'échafaud, ses dernières paroles furent :
"J'espère seulement que j'aurai le temps d'entendre le sang jaillir de mon corps"…